La livraison du futur : à quoi peut-elle ressembler ?

Selon la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad), 550 millions de colis ont été livrés en France sur l’année 2018, soit une augmentation de 10,5% par rapport à 2017. Mais cette explosion de la livraison e-commerce cache une expérience client de plus en plus exigeante. Tirée vers le haut par les grandes marketplaces, l’expérience d'achat se doit d'être parfaite, et ce jusqu'au dernier mètre.

Des solutions robotiques expérimentées en Chine ou aux États-Unis aux optimisations du maillage des territoires, quels sont les progrès qui permettront d’améliorer le service de livraison en France dans un avenir proche ?

Les géants de l’e-commerce dans la course aux drones

Les géants du commerce multiplient les innovations pour perfectionner l'expérience client et tenter de réduire les frais de livraison. Grâce à une stratégie très affinée du maillage du territoire, Amazon peut d’ores et déjà garantir une livraison dans les deux heures dans près de 30 villes américaines. En parallèle, la place de marché, leader mondial du e-commerce, multiplie ses expérimentations de livraison de colis par drone avec des solutions futuristes pour s’affranchir des contraintes du transport terrestre en milieu urbain.

Pour n’en citer que quelques-unes :

• Des entrepôts qui pourraient prendre la forme de dirigeables pour pallier le manque d’autonomie des drones et pour stocker plus de colis.
• Des trains qui serviraient de base de lancement pour les drones afin de maximiser encore plus le quadrillage de livraison et de promettre une livraison en une heure.
• Le plus fou : la création d’un réseau de tunnels pour passer sous le trafic et accélérer ainsi les délais. 

De son côté, Google, par l’intermédiaire de sa filiale Wing, a dévoilé son projet de drones de livraison, qu'il avait commencé à tester en Australie en 2014. Son objectif est de livrer dans un délai record entre le moment où le client valide sa commande et le dépôt du colis.

Depuis les premiers tests, Wing a fait évoluer son modèle de drone pour lui permettre de voler à l'horizontale comme un avion, tout en facilitant les décollages et atterrissages verticaux et le vol stationnaire. En effet, le principe retenu par Wing est un drone équipé d’un treuil qui se déploie pour déposer le colis alors que l’appareil reste en vol. Des livraisons autonomes, mais toutefois surveillées de près par des pilotes distants prêts à reprendre les commandes à tout moment. 

Dans la course aux drones, l’Asie n’est pas en reste. Les géants de l’e-commerce chinois comme Alibaba et de la logistique comme SF Express développent ce nouveau mode de livraison depuis 2015. Le poids lourd du retail JD.com s’est récemment rapproché du groupe e-commerce japonais Rakuten pour permettre à ce dernier de déployer la livraison par drones à grande échelle lors des Jeux olympiques d’été de 2020 à Tokyo.

Qu’en est-il des robots livreurs et des véhicules autonomes ?

Ford a lancé sa première étude de véhicule autonome dès 2017 en partenariat avec Pizza Hut. En 2018, c’est avec Walmart que le géant de l’automobile américain testait différentes options de véhicules adaptés aux marchandises à transporter (encombrement, poids, denrées alimentaires…) et tentait d’organiser des circuits de livraison avec plusieurs arrêts. 

Dans la guerre des derniers pas, Ford s’est également penché sur ceux qui subsistent entre le véhicule de livraison et le domicile de l’acheteur. En février, il a ainsi présenté Digit, un robot doté de deux jambes et deux bras articulés. Celui-ci a pour mission d’extraire le colis du véhicule autonome, dans la limite de 18 kg, pour le porter jusqu’à la porte de l’acheteur … et ce dès le premier trimestre 2020. Pour arriver à ce résultat, le constructeur s’est associé à une startup spécialisée dans la robotique : Agility Robotics. 

En Europe, l’équipementier automobile allemand Continental étudie un projet similaire : un service de robots-chiens livreurs couplés à des véhicules autonomes, baptisé le CUBE - Continental Urban Mobility Experience.

La livraison à l’intérieur du domicile selon Amazon et WallMart

Un service toujours plus près du consommateur !

Le géant du commerce en ligne, Amazon, a développé aux États-Unis plusieurs solutions de livraison à domicile "Key by Amazon" et surtout dans les garages privatifs « Key for Garage » et même dans le coffre des voitures avec « Key in-Car ». 

Ces deux dernières solutions visent à être moins intrusives que celle de WallMart qui offre de vous livrer directement dans votre réfrigérateur ! En effet, le numéro un mondial de la grande distribution a noué un partenariat avec August Home, spécialiste des serrures connectées, pour permettre aux livreurs de s'introduire dans le domicile des clients afin de déposer leurs courses dans leur réfrigérateur, et ce même en leur absence. Le système repose sur un verrou connecté disposant d'un code à quatre chiffres à usage unique généré par l'application August Home. L'application envoie une notification à l'arrivée du livreur, lorsque le code est utilisé. Le client peut même suivre les pérégrinations du livreur s'il a installé des caméras connectées chez lui. La porte se verrouille une fois que le livreur est sorti. Un nouveau code est alors généré, à la seule connaissance du client. Intrusif certes, mais effroyablement efficace !

Qu’en est-il de la livraison en France ?

Alors que la livraison de colis par drone se développe fortement en Asie et aux États-Unis, cette solution reste peu probable en France. Si la direction nationale de l'aviation civile (DGAC) a donné son feu vert en 2016 pour l'ouverture par La Poste d'une ligne commerciale régulière de 15 kilomètres dans le Var, entre Saint-Maximin-la-Sainte-Baume et Pourrières à titre d’essai, elle n'a pas délivré de nouvelles autorisations depuis. En revanche, pour réduire les nuisances liées au transport de marchandises, qui occupe en ville jusqu’à 30% de la voirie selon l’ADEME, l’État français a mis sur pied, en mai 2018, le programme EVRA (Expérimentation du Véhicule Routier Autonome). Un appel à projets qui favorise entre autres le développement de robots-livreurs en milieu urbain que l’on devrait voir apparaître dès 2025 selon le cabinet McKinsey.

D’ici là, les efforts se portent sur le maillage du territoire, le développement de points de consignes et l’usage de véhicules écologiques.

Le maillage du territoire consiste à augmenter le nombre de points relais accessibles 7 jours sur 7 et 

24h/24. Alors que les leaders du transport (La Poste, DHL…) optimisent sans cesse leurs services, les marchands cherchent de nouveaux partenariats à l’image de Cdiscount qui s’est associé à Amazon pour mettre à disposition des casiers dans les points de vente Casino. La SNCF planche également sur un projet de consignes qui pourrait concerner plus de 1 000 gares françaises d’ici 2025. 

Une autre tendance consiste à développer des entrepôts mobiles couplés avec des flottes de vélos. De plus en plus d’acteurs du e-commerce optent pour cette solution, déployant des véhicules, souvent électriques, pour assurer la liaison entre leurs entrepôts et les périphéries des villes. De là, des livreurs équipés de bicyclette prennent le relais pour livrer en hypercentre bénéficiant du développement des pistes cyclables.

Une solution qui retient toutes les attentions afin d’éviter que nos villes ne croulent sous les colis et les embouteillages... d’autant que le marché du dernier kilomètre serait estimé à 5,2 milliards d’euros d’ici 2025.

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